De région peu peuplée en région toujours aussi peu peuplée mais un peu plus visitée, on poursuit lentement notre beau voyage. Prochain stop: Saint-Félix d’Otis le long du Fjord du Saguenay. C’est aussi le fief des indépendantistes québécois, idéal comme sujet pour meubler les longs trajets! On apprendra aussi qu’il y fait vraiment « fret » en hiver (-20 la nuit en janvier, -8 en journée, à titre d’exemple), que le béluga est aussi appelé baleine à dents ou encore que le requin du Groenland vit au fond du Fjord à environ -280m (pas dangereux mais il fait bien de ne pas se montrer parce qu’il est vraiment moche, allez voir si ça vous dit – sur Google, pas au fond du Fjord, on se comprend).
Pour aller du Lac de Témiscouata à Saint-Félix d’Otis, on aurait pu être créatifs et remonter un peu plus au Nord et prendre un autre traversier entre Trois Pistoles et Les Escoumins. Mais pour cela il aurait fallu anticiper bien plus de 24h à l’avance. En effet, au moment où on s’est mis à penser à organiser notre trajet, les réservations obligatoires (permettant de diminuer un peu le temps d’attente) étaient déjà complètes. On a perdu toute notion du temps et on a donc zappé qu’on était un dimanche en plein mois d’août et qu’on ne serait pas seuls à vouloir faire cette traversée.
On aurait aussi pu faire les petits joueurs et reprendre le même bateau qu’à l’aller en se disant que cette fois on verrait peut-être plus loin que le bout de notre nez pendant la traversée. On aurait pu mais on n’était pas plus chauds que ça, et vu le temps d’attente avant la traversée on ne gagnait pas de temps par rapport au trajet plus long par la route.

On est donc repartis vers Québec, mais par l’autre rive du Saint-Laurent cette fois (Pohenegamook, on reviendra te voir!), avant de remonter par Charlevoix. A quelque chose détour est bon: on a pu refaire un stop à l’Auberge de la Rive où le doudou d’Arthur avait choisi en douce de prolonger son séjour.

Ravi par les retrouvailles peluchesques, on s’est lancés à l’assaut de la plus belle route vers la région du Saguenay: la ravissante 381, plus lente et plus tortueuse que la « classique » 175 depuis Québec – mais aucun regret, aucun de chez aucun. Déjà, on a été contents de voir que toutes les routes ne sont pas droites, un petit tournant ça rassure finalement (cherchez pas à comprendre si ça ne percute pas, il faut sans doute le vivre?).

Si le thème du tout-droit se met à varier, celui du monde dépeuplé reste assez stable. On longe Le Parc national des Grands Jardins, on fonce le long de la ZEC des Martres (une zone où ils sont protégés), on laisse le parc national des Hautes Gorges de la Rivière Malbaie de côté (on y reviendra peut-être un jour quand Noam aura plus de potentiel de rando). Et puis sans qu’on n’ait vu venir, on se met à monter au-delà de 800m … en plein orage. Ravissant mais j’ai une petite migraine qui se met en place quand même. On perd 10 degrés au passage et on est contents que la Buick (à laquelle on rajoute en général un suffixe peu flatteur) tienne le coup.

La récompense pour les 620km de route est à la hauteur de l’effort, ouf! On est dans un chalet tout neuf, tout beau, un jardin sans vis-à-vis, un ruisseau au fond du jardin (ça ne s’appelle pas le Chalet du ruisseau pour rien), un grill au gaz bien propre, un jacuzzi bien chaud, une terrasse bien exposée, des lits douillets, de l’eau potable (oui, on savoure) et tout ce qu’il faut pour qu’on se sente comme chez nous. Mes heures de recherches sur internet payent, « ça fait plaisir » (phrase qui ici remplace le « de rien » ou « my pleasure », on s’y habitue assez vite).

Installés comme une reine et ses chevaliers servants (#keepdreaming – repeat), on est prêts pour 4 jours et 5 nuits à l’image des instructions dans le livret du chalet: « On s’habille en mou et on profite ». Bien qu’on n’ait pas vraiment emmené de mou (je pense training, éponge, …), on adopte la philosophie de cette savoureuse expression et on se met à glander comme des pros, avec une sortie par-ci par-là parce que ce Fjord et le Parc National marin qui le protège ça ne s’ignore pas quand même. Quelques petites choses à retenir:
Le saumon fumé de la Boucanerie d’Henri c’est une tuerie, à réconcilier les anti-saumon de mon espèce avec la bête rose au goût délicieux.

Ce n’es pas grave de ramer pour chercher le début des balades du côté de l’Anse Saint-Jean (tout mignon, ce village) vu qu’elles finissent par en valoir la peine. On reviendra avec des mollets plus fournis en Belgique, ça c’est sûr, vive la grimpette.

L’avantage d’être au milieu de presque nulle part c’est un ciel étoilé – voie lactée comprise, yes! – à faire baver le requin du Groenland.

Le Parc National du Saguenay, secteur Baie Trinité et son Sentier de la Statue va nous faire passer le prochain pallier de Miss et Mister Mollet 2022, on se prend 240m de dénivelé en moins de temps qu’il n’en faut à un enfant pour se mettre à rouspéter – le vue à couper le souffle c’est cadeau (et oui, mes photos ne rendent pas le côté complètement ouf du truc, donc je remplace par une photo de nous). Il est vrai qu’on a fait demi-tour au Belvédère et qu’on s’est contentés de regarder la statue depuis un zodiac mais ça compte quand même.

Zodiac donc, la petite folie pour découvrir le Fjord en bande. Un guide prolixe et quelques exagérations plus tard, on fait oh et ah devant des falaises qui donnent le vertige par le bas, des petits phoques tout mignons (en respectant la distance de 200m pour ne pas leur faire peur), une faille qui traverse le Fjord de part en part et puis des vagues qui sont sorties de nulle part (si on vous dit qu’ici le temps change vite, croyez ce qu’on vous dit) pour le plus grand bonheur des jeunes de la bande (oui, je suis jeune!).

Pousser une pointe pour manger une pizza délicieuse à Chicoutimi. C’est un vrai nom de ville et ça nous a fait du bien de revoir un peu de monde (de loin, ne poussons pas). Le Fjord c’est aussi une histoire d’industries qui ont bien pollué l’eau, raison pour laquelle un parc à été créé en 1998 pour que notre espèce arrête de tuer à petit et grand feu tout ce qui habitait dans l’eau.

Nager dans le Lac d’Otis, depuis sa plage municipale. De nouveau, le vent s’est levé d’on ne sait où donc on n’y a pas passé trop de temps mais on ne se lasse pas de la nage en eau douce.

Visiter le Musée du Fjord à La Baie vu qu’il pleut, avec les 35 autres touristes du coin donc d’un coup ça fait vraiment crowdy sans gâcher le plaisir.


Le wifi du chalet n’est pas bon du tout et le réseau cellulaire est resté de l’autre côté du fleuve ou a été englouti dans le Fjord mais donc vive la déconnexion prolongée. On profite à fond du jardin (les enfants inventent un jeu où il y a une guerre impliquant le Canada, la Norvège, la France, la Russie et la Belgique), du ruisseau (un petit barrage y est savamment érigé pour couper l’eau des ennemis), de la terrasse (apéros apéros, c’est les vacances après tout), du jacuzzi et du brasero. On poursuit d’ailleurs la lecture collective d’Irineï et son mammouth, tout le monde a hâte de connaître la suite des aventures!

Et voilà comment la semaine est passée comme rien. On a fait mille et une petites choses qu’on savoure encore plus parce qu’on les fait en vacances. On est venus, on a vu, on a bien vécu près du Saguenay.


