Au neuvième jour de notre périple, l’heure est venue de laisser le Saint-Laurent derrière nous. Mais avant cela, on a décidé de le franchir à hauteur de Saint-Siméon en prenant le traversier vers Rivière-du-Loup. On avait lu qu’en été, il faut être au moins 90 minutes à l’avance et notre repérage de la veille (en chemin vers les baleines de la Pointe Noire) nous a confirmé qu’en effet, un peu de marge ne serait pas du luxe.

Voilà donc déjà une belle rallonge du temps de trajet mais le temps d’attente passe assez vite: lire, écrire, faire un petit tour, manger un petit truc et hop, on embarque sur le bateau juste après 13h. Le casage de la voiture est ensuite un Tetris d’un tout autre niveau encore que notre challenge valises, on observe et on rentre bien le ventre au moment de zigzaguer entre les véhicules pour rejoindre le pont pour la traversée. Quelques baleines nous saluent au départ et puis on plonge dans un épais brouillard qui rend la traversée d’un peu plus d’une heure assez longue. Il fait chaud dans le bateau, il n’y a absolument rien à faire et aucune manière de prévoir la durée de la traversée.

Une petite buanderie automatique et un grand IGA (supermarché) plus tard, on peut enfin mettre le cap sur notre quatrième résidence temporaire: les rives du Grand Lac Squatec, tout proche du Parc National du Lac Temiscouata. Le paysage nous ravit encore une fois: plaines agricoles pour commencer, avant de basculer vers du vallonné boisé. La ligne jaune continue de nous rappeler le milieu de la route, et on a bien pris le pli du calcul de vitesse maximum version locale. En résumé, 90km/h devient 100 et 100 devient 120. Les vrais locaux y rajoutent encore une couche mais ceci nous semble un bon compromis. En plus c’est presqu’en ligne avec Google Maps qui nous colle à chaque fois des temps de parcours super optimistes.
Le ton est en tout cas très vite donné: on est dans une région pleine de lacs, reliés ou non entre eux par des rivières. C’est vraiment beau et calme. On sait qu’on est en territoire peu peuplé et ça se confirme pleinement. A un moment, le réseau cellulaire disparaît aussi, pour ne plus vraiment réapparaître dans les prochains jours. On voulait la paix, on aura la paix, ça c’est sur.

Notre chalet est vraiment en bordure de lac et pourvu d’un brasero qui nous promet de belles soirées. Idyllique, on sent qu’on va se plaire. Il n’y a pas d’eau potable dans le chalet (l’eau qui sort du robinet vient du lac) mais ça reste gérable et puis ça fait authentique, le Québec à la semi-dure, même pas peur (on a une toilette et une douche, le reste c’est du détail).

Ce qu’on avait oublié, c’est que sans réseau et avec une clé d’accès au chalet caché dans un boîtier à code, c’est compliqué d’aller rechercher le code dans ses mails… Heureusement, des voisins me donnent accès à leur réseau wifi et le tour est joué. Mais je note déjà les codes de nos futures destinations pour ne plus avoir la même blague.

Les valises sont encore encastrées et entremêlées dans le coffre mais les garçons ont déjà les pieds dans l’eau de « notre » lac. Ricochets, collecte de bois pour le feu, faire bouillir l’eau pour la rendre potable, on est installés. On fait des plans pour demain: nager jusqu’au ponton et sauter dans le lac depuis le plongeoir. Dans « on » certains iront au bout, d’autres se dégonfleront (et je plaide évidemment coupable).

Les activités réalisées par toute la troupe les jours suivants ont été dictées par les larges opportunités du Parc National du Lac Témiscouata (j’adore la sonorité de ce nom, ça se sent?):
- Location de vélos (gratuit pour les enfants) et charmante piste cyclable « Grey Owl » pour relier le Centre de Services de la Passerelle au Lac après avoir traversé le pont sur la rivière Touladi (ces sons, je ne m’en lasse pas); un bon 12 kilomètres, ça nous met en jambes et on pique nique au bord du lac, les garçons nagent, tout va bien.
- Petit sprint en voiture jusqu’à une autre entrée du parc pour faire le Sentier des Grands Pins, une randonnée en sous-bois longeant le lac avec un joli dénivelé, des roches et racines à franchir, 6km aller-retour, parfait pour notre délégation. Et comme à chaque arrêt de ce voyage, que ce soit en ville ou au milieu de nulle part: des toilettes gratuites et propres – quelle idée géniale. Ca donne faim (la rando, pas les toilettes propres, on se comprend) et on est donc ravis de finir la journée en goûtant le steak de bison acheté la veille. Ca marque les garçons qui se sentent pousser des plumes de Yakari!
- Une deuxième journée témiscouatienne nous mène à la plage au bord du Lac Touladi dans le même Parc National mais par la 3e entrée cette fois. Location d’un « paddle board » (SUP) et d’un canoé pour 4h et tout le monde s’amuse avec les embarcations dans ce lac peu profond sur sa première partie (et donc à la température agréable). Le pique nique sans pain (les oublis sont faits pour les vacances) c’était juste pour nous donner assez faim pour des pâtes au pesto autour du feu de bois le soir. On y poursuit la lecture collective du livre Irineï et on a hâte de savoir ce qui va se passer avec l’esprit du Grand Mammouth…





Trois nuits, c’était vraiment tout juste pour découvrir cette belle région. Ces lacs sont dingues et les équipements autour sont vraiment top pour les familles avec enfants de l’âge des nôtres, surtout sous cette météo clémente. Ce n’est peut-être pas hyper hyper spectaculaire (sauf l’épisode où on mange du bison) mais c’est à nouveau pile ce qu’il nous fallait. C’est propre, c’est beau, c’est accueillant, et déjà rien que pour ça, c’est dépaysant. C’est grand aussi, sans faire gaffe, on a directement 100km au compteur, mais personne ne s’en plaint. A voir si on restera aussi optimiste après notre prochain trajet, car ça va aller chercher dans les 600km. A suivre!



