Avec cinq jours complets sur place, notre objectif était de faire trois belles marches pendant notre semaine Suisse. Alternance de repos (tout relatif) et de journées plus actives, l’équilibre était parfait. Après la plus longue marche à Muottas Muragl et la plus éducative au Morteratsch, Corviglia nous a offert la plus surprenante.
L’objectif était d’abord tout autre. On a commencé la journée dans l’idée de faire la promenade des six lacs à Furtschellas. Le plan était bon, mais entre sa réalisation et moi se dressait un monstre: une télécabine dont la vue m’a terrorisée et poussée à faire demi-tour fissa, entraînant la bande dans mon sillage – forcément. Même si je sentais le soutien de mes gingers adorés face à ma mini crise de panique (j’assume, c’est irrationnel), la déception était quand même là. Mais on s’est bien rattrapés!
De prime abord, on était moyen chauds pour Corviglia, pourtant la station la plus réputée du coin. Elle est en effet représentée partout comme le paradis estival du VTT et cette année, le VTT ne figurait pas encore à notre programme, âge et dextérité des deux plus jeunes de la troupe obligent. Mais on aurait eu tort de zapper l’endroit car vu l’espace disponible il y avait bien de la place pour tout le monde et à une frayeur près provoquée par un cycliste pas très futé (qui a manqué de finir dans le ravin tout seul comme un grand), on a juste pris plaisir à voir nos amis à deux roues s’éclater pendant qu’on faisait usage de nos fidèles petits, moyens et grands pieds.
L’avantage de Corviglia (de mon point de vue de grosse trouillarde) c’est que comme pour Muottas Muragl, on y accède par un train à crémaillère. Avec les pieds sur terre, la vie va mieux – c’est ma devise et j’y tiens. Arrivés en haut, j’ai ensuite été prise d’une idée de génie qui a réussi à faire oublier la déception des six lacs manqués: depuis Corviglia Bergstation (2488m), un téléférique a emmené 4 motivés au Piz Nair (3055m, quand même) où ils ont certes caillé mais joui d’une vue magnifique et … touché de la neige! Pendant ce temps, je repérais le départ de notre « vraie » promenade tout en nous squattant une table au soleil pour prendre quelques forces avant la descente.
Parce que ce sont bien nos freins qu’on a entraîné pendant cette magnifique journée: on est d’abord descendus littéralement à travers champs vers Marguns et sa chouette pleine de jeu. Au son des cloches de vaches qui semblaient collées à la pente voisine, on a testé nos chevilles, genoux et autres adducteurs. C’était assez raide, et l’idée de remonter en 1 heure ce qu’on avait descendu en 30 minutes nous a assez déplu. On a donc – une fois n’est pas coutume – adapté nos plans et décidé de poursuivre la descente jusqu’à la gare intermédiaire de Chantarella (2005m), en passant par Alp Laret. Les plus rapides auront fait le calcul, un bon 480m de descente sur un petit 6km de long, ça donne quand même quelques plaintes chez les valeureux marcheurs de moins de 10 ans mais ça n’a pas fondamentalement entamé le moral des troupes. La vue était là pour compenser (l’appli Peak Visor est LE gros tuyau geek du voyage), et les réserves de nourriture, de boissons et l’animation parentale ont fait le reste. Encore un petit coup de train à crémaillère entre Chantarella et Saint-Moritz et hop, on remballe la bande. Excursion réussie, franchement. Et on y remontera sans hésiter quand on repassera dans le coin car on est loin d’avoir épuisé le stock de promenades pédestres. En plus, Loïc a vraiment hâte de s’essayer au VTT et c’est clairement l’endroit pour le faire.



