Voyager. Parler géographie, politique, linguistique. Parler d’histoire, du présent, d’humanité, d’humains. Voir leurs mines parfois déconfites: pourquoi tout cela est si compliqué? C’est quoi une frontière? Est-ce que les gens sont pauvres ici? Pourquoi les dieux habitaient en haut d’une montagne? Pourquoi mon ombre me rend si petit?
Les esprits ne sont donc pas vraiment au repos. Ca papote, ça questionne, ça interroge et quand il reste un temps mort, ça se chamaille un peu aussi. Tout est donc normal chez les gingers, et les découvertes et apprentissages vont bon train. On like.
C’est déjà notre huitième jour de voyage. On a essayé de passer à la vitesse inférieure hier: pas de programme, pas d’activités, peu de déplacements. Traîner à la piscine et puis se traîner sur 150m pour rejoindre une plagette en bord de lac. N’avoir peur de rien et manger dans la guinguette qui ferait défaillir un fonctionnaire de l’AFSCA. Empiler des cailloux, battre des records de natation, faire une petite sieste, oser mettre la tête sous l’eau. Toutes des opportunités offertes par Ohrid et son lac limpide.
Le moment de dire au revoir à Hristijan avait également sonné hier soir. On a, pour l’occasion, convoqué quelques truites péchées dans le lac de Mavrovo qu’on avait aperçu en chemin depuis Skopje, on a bu un Tikvesh bien frappé et on a constaté son départ un peu précipité en taxi, sentant qu’il avait sans doute la larme à l’oeil. Un célibataire endurci qui se fait sauter dessus plusieurs jours de suite par trois jeunes gingers aux yeux qui pétillent à l’idée d’attirer son attention, ça ne laisse personne indifférent, même pas un macédonien qui met toute son énergie à paraître un peu bourru.
Et puis vint aussi le moment de quitter la Macédoine. Perle verte du Sud des balkans, univers touristique inexploré mais tellement prometteur. On avait envie d’aventure, et on a donc voulu s’échapper par l’Albanie. Une petite demi-heure de route vers la frontière juste après le Monastère de Sveti Naum, notre Saint-Noam préféré. C’était sans compter les petites lettre obscures d’une carte verte à la formulation douteuse mais très claire pour le garde frontière: demi-tour, les gingers, pas d’Albanie pour votre joli petit bus!
Heureusement que le paysage en valait la peine et que notre stock de jeux d’imagination est toujours accueilli avec plaisir par notre public. Une heure de route en plus, ça fait 3 bons fou-rires de gagnés, et dans une vie, c’est ça qui compte. Le moins bon côté, c’est que ça a quand même causé du stress auprès d’une partie de la délégation au moment de franchir la frontière entre la Macédoine du Nord et la Grèce.
Après un stop express dans la charmante Bitola, on a pu rentrer « chez nous », en Union européenne. Je pense vraiment que le coup raté de la conquête de l’Albanie a aidé à la prise de conscience: l’UE, c’est juste trop plein d’avantages. Loïc propose dorénavant des dissertations à la demande, pour ceux que ça intéresserait – même s’il reste un truc inexpliquable: le coup de la Macédoine du Nord d’un côté et la province de Macédoine, au Nord de la Grèce, de l’autre. On leur raconterait des salades, qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
On va prendre quelques jours maintenant pour explorer Kastoria, Veria et Vergina et voir où nous mène le jeu des sept différences. Là on n’a pas encore convaincu, puisqu’on se retrouve au bord d’un lac entouré de montagnes. Elles sont un peu moins vertes, le lac est beaucoup plus petit, mais les concombres, les tomates et les pastèques nous percutent au même rythme. Par contre, on a déjà obtenu au moins trois sourires (à la douane, la station essence et en arrivant à l’hôtel), ce qui fait vachement du bien quand même.
En attendant, un dernier souvenir d’un lac qui vaut le détour. À bientôt, Ohrid!