c’est reparti pour un tour! Les valises – minimalistes – ont été entassées dans le coffre de la voiture, les enfants plus ou moins rangés sur la banquette arrière et nous avons, chacun à notre tour, enfoncé le champignon pour foncer en direction des Alpes. Quoique, foncer est un bien grand mot, puisque je respecte les limites du code de la route et que nous nous adaptons à l’humeur aux besoins des jeunes ginger.
trajet du jour
- Bruxelles – Lyon (714 km, via Philippeville et Reims)
- Hôtel Lyon-Ouest – LE super stop en famille (prix, salle de jeu, resto)
23h17, deux cinquième de nos effectifs dorment. Le plus jeune ginger fait encore de la résistance. En cause: une sieste tardive, entamée après plusieurs heures de joie festive et de cris poussifs – de cette tonalité bien particulière que seuls maîtrisent les enfants de deux ans et demi (stridente, forte, paralysant toutes les capacités mentales à l’exception des réflexes de survie).
papa ginger rouspète un peu le nez dans son iPad. En cause: un coup de boule tardif et involontaire, donné par son aîné assoupi, fraîchement bousculé par le benjamin précité. La lèvre inférieure en sang justifie sans doute la rouspétance, quant à savoir si cela mérite ma pitié, je verrai après mise en balance avec 3 grossesses, 3 accouchements et 30 mois cumulés d’allaitement (c’est donc tout vu et oui, je sais, je gagne à tous les coups pour encore au moins dix ans avec cet argument-là).
bref, on ne peut pas dire que cette journée nous ait guéris de notre appréhension pour les longs déplacements en voiture – oui, oui, pour nous, 700 km, c’est long. Donnez-nous le choix entre 14h d’avion et 8h de voiture, on prend la première option.
- d’abord parce que nos bras ne sont vraiment pas assez longs pour ramasser tout ce qui indéfiniment et à répétition donne lieu à des: « Mon Tchoupi est tombé », « Ma Luni est tombée », « Ma gourde est par terre », etc. Le tout avec un air et des verbes passifs, voulant faire croire à la force majeure, au hasard ou à une intervention extérieure. Or, il est bien entendu que les « chutes » en question sont l’unique conséquence de la volonté du détenteur initial de l’objet, faisant usage d’une capacité démoniaque à calculer le trajet de la projection pour que l’objet du délit finisse juste un peu plus loin que la portée naturelle de nos articulations.
- ensuite parce qu’on adore conduire tous les deux (et pas que parce qu’on veut éviter de passer notre temps à nous retourner pour ramasser tout ce que les enfants jettent, demandent ou veulent absolument nous donner/montrer/reprendre), et qu’on se sent donc fatalement lésés quand c’est l’autre qui a le volant. Or, cet état de victimisation diminue notre résistance aux sollicitations de la banquette arrière. Les problèmes deviennent donc plus grands, et le zen radieux de l’autre qui bénéficie du luxe de pouvoir se concentrer uniquement sur la conduite, n’arrange vraiment rien. Cercle vicieux. Renforcement négatif. CQFD.
- enfin, parce que quand on trouve enfin un filon qui plaît à l’enfant A, cela ne convient ni à B qui vocifère son mécontentement, ni à C qui ignore notre conversation avec A en racontant son histoire à lui, ce qui énerve A, rendant ainsi B ravi que A ne le soit plus, ce qui mène C à vociférer car il n’est plus le centre de l’attention. Bref, l’échec, le drame, le chauffeur qui la joue zen et détaché (voir point précédent), le convoyeur qui pète un petit cable, et on est repartis pour un tour de manivelle en vrille.
sinon, là, ici et maintenant, tout va bien. Le pire est passé. Et le pire reste finalement tout relatif, vu avec un recul de quelques heures. On a ramé mais pas crié, en voilà un bon point. On a râlé mais pas menacé. On n’a même pas fait semblant de punir, parce qu’on sait que ça ne marche pas. Il y a juste une paire de lunettes qui a fait un vol plané, dans un moment de désespoir, et deux trois jurons qui se sont perdus en route.
on est donc fin prêts pour la route de demain, 230 km en direction de La Rosière, juste après Bourg-Saint-Maurice. Les clés de l’appartement seront à nous à 17h, ça nous laisse le temps de gérer pas mal de chutes d’objets, d’échanges de chauffeurs et de tentatives d’animations de groupe. Les carnets d’activité, les histoires sur CD et le petit bouquin rempli de blagues pour enfant auront une deuxième chance de nous convaincre! (Et dire qu’on a lu des tas de blagues, même des bonnes, et qu’évidemment, on ne se souvient d’aucune…)
à demain!
pour se rafraîchir la mémoire
- Noam, 2 ans, 6 mois et des poussières
- Arthur, 5 ans, 3 mois et une rawette
- Loïc, 6 ans et 11 mois dans 2 jours
- Aart, 33 ans et toutes ses dents
- Charline, 27 ans (si, si!)