empiler des petits cailloux sur une plage. Dire que celui qui pose le caillou qui fera tomber la pile a perdu. Recommencer en choisissant mieux ses pierres. C’est ce qu’on fait quand on a le temps, quand on est à fond ici et maintenant. C’est si simple quand on a 4 ou 6 ans, ce n’est pas moins compliqué à 39. A condition de savoir désapprendre toute une série de mauvaises habitudes. Et d’être au bord d’un lac Suisse, ça aide. Vraiment.
Activités du jour
- Floomzer (luge d’été sur 1,8 km) pour Aart, Loïc et Arthur
- Pique-nique super bien organisé
- Promenade sur le Maschgenkamm, la crête en haut du Flumserberg
- Trajets en télécabine
- Baignade dans le Walensee
j’ai l’impression que cette journée a duré 48 heures, tellement on a pu passer de chouettes moments. Je vais les reprendre dans l’ordre faute de mieux, toute autre tentative se transforme en rêverie et divagation peu propice à l’écriture. Je veux pourtant garder un souvenir dans ma tête, par mes photos et par le blog, donc je m’organise.
un peu après 9h du matin, Aart et Loïc se sont fait la malle à deux, direction la télécabine reliant Unterterzen à Tannenboden en passant par Oberterzen (je n’arrive pas encore à trouver les noms locaux vraiment poétiques mais j’y travaille). Un petit moment à deux, ça fait toujours du bien pour laisser souffler la fratrie. Leur objectif: profiter du tarif « Early Bird » du Floomzer, un circuit de luge d’été monté sur rails. Entre 10h et midi, l’attraction peut être faite et refaite tant qu’on veut, ce qui donne des sprints assez fun entre la sortie du Floomzer et le pied du télésiège pour reprendre sa place au départ quelques centaines de mètre plus haut.
de mon côté, j’en ai profité pour me cacher un peu derrière mon smartphone pour visionner des stories Instagram pendant qu’Arthur et Noam transformaient leurs lits en bateau, maison, taxi et plein d’autres choses encore impliquant des coussins, des hurlements et une grande motivation commune. Faire ce que j’ai fait sans avoir l’impression de perdre mon temps ou de le voler à une autre activité, ça vaut déjà un bonus d’1h au moins sur la journée. Je l’ai en plus fait réglementairement vautrée dans le canapé, avec la ferme intention de ne me lever qu’en cas d’incendie, inondation ou bris de verre. Double bonus, 2h de prime.
c’est donc sans m’en rendre compte que j’ai aussi réussi à débarrasser la table, habiller les seulement deux enfants qui me restaient et préparer le super frigobox bleu-m’as-tu-vu pour notre escapade en montagne. Patricia nous a rejoint pile à l’heure prévue (elle est Suisse, ça ne s’invente pas), et un petit stop victuailles plus tard, nous partions à l’assaut du Flumserberg, montagne au nom de flan mais à l’allure bien alpine (ou pour citer mon amie, confirmant ce que je n’osais pas formuler avec autant de précision: « les Alpes, c’est les Alpes », on ne l’accusera pas de chauvinisme, elle a tout pour plaire).
à Tannenboden (1400m d’altitude), nous avons retrouvé deux êtres en extase, qui venaient de se faire la descente avec une pointe à 54 km/h, enregistrement Strava à l’appui. Un petit plus tard, Arthur a pu en profiter aussi (c’est cool d’avoir moins de 6 ans). Pour le dernier quart d’heure, Loïc a finalement décidé de faire la dernière descente avec son papa et pas avec moi parce que je lui avais dit que je n’irais pas aussi vite. C’est le genre de choix utilitariste qui m’arrange bien, parfois.
on a ensuite chipoté un peu pour trouver un endroit où aller pique-niquer, mais on a trouvé 1,5m2 d’ombre dans un coin béton/talus d’herbe à l’arrivée des télécabines venues du bas de la montagne. Pas très idyllique mais le souvenir qui m’en reste est surtout un moment de grande convivialité, chacun a pu manger ce dont il avait envie, la température était parfaite, la conversation légère mais engagée, le temps était une nouvelle fois à l’arrêt.
le moment était alors venu de prendre les télécabines vers le Maschgenkamm, la crête séparant les deux versants du Flumserberg. Trajet qui devait nous mener à 2020m d’altitude en un bon quart d’heure, avec une vue sur les luges du Floomzer – impressionnant et tenant. Je suis sortie de la cabine avec une sensation de mal de mer, mais ce n’est rien à côté de ma prestation de grande actrice « pfiou, une télécabine, même pas peur », et que je regarde par la fenêtre, et que je me lève pour faire des photos, et que ça balance mais je m’en tape et j’en passe. C’est donc tout à fait officiel, le « fake it until you make it » marche aussi pour les phobies mixtes de vide et d’altitude. Une grande respiration, une bonne dose de motivation et on y va. J’ai vraiment senti la différence par rapport à d’autres fois et je pense que là, la guérison est officielle. Je traiterai la phobie des télésièges dans une dizaine d’années, je ne voudrais pas qu’on jalouse mes progrès!
la promenade en altitude était officiellement le but de la journée. Elle n’a finalement été qu’une anecdote, ce qui n’enlève rien à la qualité du temps passé à danser sur la crête. On a pu ressentir les changements abrupts de température selon qu’il y avait du vent ou pas, du soleil ou de l’ombre. Le fond de l’air été délicieusement frais et quand le soleil se montrait, sa chaleur était vraiment enveloppante et généreuse. Un plaisir. Notre circuit n’était pas très ambitieux sur papier (2 km entièrement à plat sur sentir large), mais nous a quand même pris une paire d’heures. Il y avait de chouettes activités le long du parcours et la vue était vraiment à couper le souffle. Le sentier était aussi bordé de fleurs dont Patricia connaissait tous les noms. Arthur s’est même découvert une passion de botaniste, cherchant sans relâche la fleur qu’il n’avait pas encore vue. Tout comme dans les Cameron Highlands, on a pu se plonger dans toutes les nuances du vert et on ne s’en lasse pas.
Aart et Loïc ont encore piqué un sprint vers le sommet (le Zigger), un trajet bien plus escarpé sur la route des 7 sommets du coin. Si on revient dans quelques années, on tentera le coup en bande! Après plusieurs enfilades de pylônes de télécabine (ponctués par « ah, ça commence » de Noam à chaque passage), on s’est retrouvés au bord du lac et puis carrément dedans. C’était brrrrr au départ mais tellement incroyable de flotter dans une eau si pure (phrase à ponctuer d’un petit air de musique romantique, invoquez aussi l’image de Heidi dévalant une colline, ça tombe bien, les histoires qu’elle a vécues se passent justement pile ici, oui, on est à Heidiland et ça me fait cet effet-là, pom pom, pom pom).
je crois qu’une partie de moi est restée au bord de ce lac, et une autre partie dedans. Si je me réincarne, ce sera en poisson. Ou en caillou.
chiffres pertinents mais parfois approximatifs:
- Noam, 25 mois
- Arthur, 4,8 ans
- Loïc, 6,4 ans (6,5 dans 6 jours, décomptons ensemble, le nombre est raisonnable)
- Aart, 32,7 ans
- Charline, 39,4 ans