2018·9 jours en Suisse·Archives·été - Europe

Bruxelles-Mulhouse: et pourquoi pas?

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je suis de cette génération qui a découvert les hôtels Formule 1 comme une innovation dans le secteur de l’accueil hôtelier. Nous nous y sommes souvent arrêtés, en route vers le Sud, 8 heures top chrono, douche comprise. De quoi souffler un brin mais sans trop ralentir la progression vers la destination finale.

trajet du jour: 

  • Bruxelles – Mulhouse: 531 km en pile 6h, avec une pause d’une quarantaine de minutes
  • pas d’embouteillages mais de nombreux ralentissements pour cause de travaux (et de rond points sur un affreux bout de nationale que Waze nous a fait prendre pour descendre à la verticale à hauteur de Strasbourg)
  • deux arrêts péage, avec un coquet total de presque 10 EUR quand même, la vache

c’est donc avec un poil de nostalgie que j’ai guidé mes gingers adorés vers le Première Classe de Mulhouse Sud, dernière étape avant la frontière Suisse. Dernière pause en territoire européen, versant Gaulois (sa monnaie unique, son roaming interdit, des prix qui ne font pas tomber à la renverse ni douter de ses capacités de lecture ou de calcul, des Champions du Monde discrets le long de notre parcours).

prendre la route en voiture avec notre mauvaise troupe nous stressait un peu, coincés entre notre envie de « faire de la route » et que « ça avance » et leurs besoins légitimes forcément contrariés dans l’exiguïté de la cabine mobile. On avait donc échafaudé un plan pour équilibrer tout ça et démarrer en beauté: escapade aux festivités du centre de Bruxelles pour le 21 juillet pour épuiser la smala, tous en voiture à 15h, sieste collective, pique nique sur une aire d’autoroute et dodo à 22h max. La mission est accomplie, et je peux donc même vivre avec détachement le fait que l’environnement dans lequel on loge est bien plus glauque que ce que mes souvenirs me rappelaient mais c’est peut-être parce qu’à l’époque, je ne connaissais pas le mot glauque.

ce qu’on a gagné pendant le trajet, c’est un fou rire de presque une heure, démarré par Loïc choisissant de composer une ode à la bière (si, si) parce qu’on venait de lui montrer des vignes (ne cherchez pas le rapport, ou si peu). Loïc a fait de son mieux et a trouvé deux ou trois phrases, sur un air pouvant ressembler à quelque chose, rien d’exceptionnel jusque-là. Noam avait plus d’ambition et a décidé de présenter illico le remix populaire sous le titre « la bièèèè-reuh, tutute ». Quelques syllabes simples à retenir, il ne faut pas les chanter mais les hurler, succès assuré. Grâce à la magie du comique de répétition, l’engagement sur un rythme décalé d’Arthur et Loïc et la motivation sans faille de notre benjamin, on a fini à la limite de la côté fêlée et lui sans doute au bord de l’extinction de voix. On a même eu droit à quelques variantes commençant par d’autres mots mais finissant toujours par « tutute », le concept est désormais breveté.

le bon vieux jeu « papa est le loup parce qu’il se fait trop bien tuer, et nous on doit dire comment on le piège » a repris du service et je le recommande toujours autant: il ne coûte rien et décuple la créativité. Pour y jouer il faut donc un loup qui va aller se jeter dans la gueule du loup une série de pièges, décrits auparavant par chaque participant. Au choix: « quand le loup fait toc toc à la porte, elle se transforme en bombe, il peut quand même encore rentrer, il y a de la viande partout et quand il mange le dernier morceau, boum, il explose », ou encore: « quand le loup approche de ma maison, il se fait aspirer par un nuage qui l’emmène à des kilomètres dans le ciel, et puis dans l’arc-en-ciel et puis il est brûlé et il est mort, tant pis ». Passons outre la lacune éducative autorisant que le jeu se déroule toujours au détriment de ce pauvre loup, on y remédiera plus tard. Heureusement, on a joué à ce jeu pendant que Noam roupillait, ça a évité qu’à chaque coup du sort le loup de se fasse mettre en bière, tutute.

en résumé, la journée a été belle, et comme pour tout bon plan, ce sont les surprises qu’il nous a réservées/réservé/réservés (appel à l’équipe, je fatigue) qui lui donnent sa valeur:

  • les plus fatigués par l’escapade à la fête nationale, c’était « nous » et pas « eux » (surveiller trois minus dans une foule, on avait oublié ce que c’était, et comme on avait aussi oublié la poussette puisqu’on y est allés en vélo, on a pu se refaire les biscotos)
  • en voiture à 15h11, ce n’est techniquement pas un échec mais pas tout à fait un succès non plus parce que le principe de mes timings, c’est que je les calcule de sorte à être bien à l’avance et donc à savourer une victoire facile, je me rattraperai, qu’on se le dise
  • à part Noam, personne n’a dormi dans la voiture et le décalage de la sieste du successeur de Patrick Sébastien fait qu’à 23h15, il me racontait encore sa vie en insistant pour que je range ses sandales perpendiculairement à notre lit
  • le pique nique était sans doute le plus conforme aux attentes, même si on l’imaginait un chouïa plus bucolique que sur la table en béton plantée entre le parking et l’entrée d’un restoroute désertique où, je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression que les Ghostbusters venaient de passer (j’espère au moins que ça vous met la chanson en tête, ça rajeunit plus que la référence à un Formule 1 des années ’90)
  • l’excitation de pouvoir accéder aux chambres 47 et 48 par un escalier extérieur, la joie de manger une pomme, l’aération indispensable de la 47 qui a dû être occupée avant nous par des fumeurs, un jeune occupant d’une chambre voisine en grand besoin d’entraînement de basket sur le pallier (ça résonne grave sur le béton quand on dribble) et une série d’autres péripéties font que c’est par épuisement général qu’on a eu raison des enfants vers 23h.

ce qui importe le plus dans tout ça, c’est qu’on y est, c’est les vacances d’été, on est sur la route, déjà rien que ça, ça nous fait respirer différemment. On a les oreilles détruites par la chanson bière/tutute, par une série de chamailleries sur la banquette arrière (rien de grave, mais ce bruit…), par le frigobox qui a ronronné sous les pieds de Noam. Tout le reste fonctionne, et j’ai même pu lâcher prise par quelques moments de méditation pour faire défiler plus sereinement les kilomètres et les minutes (ça m’a même permis de venir à bout de mon habituelle rage de dents de lâcher-prise de début de congé, la Dafalgan n’est rien maintenant que j’ai Bouddha!).


chiffres pertinents mais approximatifs:

  • Noam, 25 mois
  • Arthur, 4,8 ans (5 ans dans 41 jours)
  • Loïc, 6,4 ans (6,5 dans 9 jours, décomptons ensemble, le nombre est raisonnable)
  • Aart, 32,7 ans
  • Charline, 39,4 ans