2018·Archives

petit point sur l’écriture

« Tu vas de nouveau écrire tous les soirs? », me disait justement mon futur compagnon de route, l’air peut-être un chouïa méfiant en me voyant chipoter sur mon Macbook. « Je ne sais pas, je verrai bien », lui ai-je répondu. J’ai heureusement déjà appris à prendre les questions de ce genre au pied de la lettre, et il en fait de même avec ma réponse. Sauf que là, d’un coup, ça m’a donné une idée de billet. Sur la façon dont j’ai envie de rédiger mon carnet de voyage pour cet été.

quand nous sommes partis en Thaïlande, je crois que j’étais à fond dans le mode faire (un article par jour, un voyage mémorable, une série de découvertes, …). Rien de mal à ça, c’est une façon très efficace de se bouger les fesses pour aller découvrir le monde avec 3 poussins et leur papa dans mon sillage. Aujourd’hui, je me sens plus en besoin d’être. Juste être là, être moi, avec eux. Moins d’objectifs, autant de plaisir. Si ça marche, ce sera l’éclate et qui sait, je pourrais éventuellement revenir reposée.

je sais que je vais laisser des traces écrites de notre voyage parce que ce sera une parenthèse, un moment d’évaluation, de recul. J’aurai mes moments en famille, et puis, mes moments plus solitaires passés à écrire. Une expiration deviendra un mot. Une sensation me dictera une frappe. Une émotion me racontera une histoire. Je vais profiter de l’écriture comme d’un voyage au sein du voyage, au moment où cela coulera de source. Ou pas, car on ne sait jamais, il y aura quand même la tentation du Toblerone, du petit rosé frais et de Casa del Papel qu’il paraît que je dois ab-so-lu-ment voir.

en résumé, si j’arrive à faire le tri entre les tentations et les automatismes, je crois que ce sera tout bénéfice. En rêvant à clavier déployé, je me vois rechercher les souvenirs d’une journée, d’un moment, d’une impression, d’une humeur. Je me laisse goûter différemment la glace que j’aurai laisser fondre sur mon palais quelques heures plus tôt. Je m’autorise à toucher plus intensément la petite robe que j’aurai repérée au fond d’une boutique sentant le savon de Marseille, et à sentir une fois de plus la première odeur de ce matin où je me serai levée avant tout le monde pour aller chercher du pain frais. Oui, vraiment, je vais m’offrir le droit de voir encore une fois ce train rouge plus écarlate qu’orange s’enfoncer dans la montagne et puis aussi d’entendre jusqu’à m’y endormir, le son des vagues après une journée remplie de piaillements d’enfants joyeux.

alors, si là tu trouves tout ça un peu louche et que tu te demandes si j’ai bu un Apérol de trop où si j’ai engagé un ghostwriter trempé dans une sauce bouddhiste, une petite précision s’impose peut-être. Il y a quelques semaines, j’ai décidé de franchir le cap: m’offrir deux heures pour écrire, une fois par semaine. C’est à Sophie Barthélémy et sa belle entreprise, Atoutexte, que j’ai donné ma confiance. Les ateliers reprendront en septembre et en attendant, c’est avec gingerfamilytrips que je vais m’exercer. Je bosse pour assumer entièrement l’imperfection de ce que je présenterai et je me promets donc de ne pas me juger trop durement. Si c’est pas de l’être ça, je ne sais pas ce que c’est. Et le premier qui me sort que ma crise de la quarantaine approche à intérêt à vérifier mon humeur avant de le faire.