que retient-on aujourd’hui? Qu’on s’en est encore une fois pris plein les yeux, en osant ce qu’on aurait fait si on avait voyagé sans enfants. Et ils nous le rendent bien parce qu’à l’heure d’écrire ceci, je n’arrive pas trop à me concentrer parce qu’ils rigolent encore comme des petits fous, et ça fait de longues minutes que ça dure. L’ambiance est survoltée, on verra demain matin quand le réveil sonnera à 5h45.
lieux visités (de 9h30 à 20h20)
- Layang Layang Café
- Laundromat
- Baba and Nyonya Heritage Museum (ça en vaut la peine!)
- Calanthe Art Café
- Kampung Morten (Villa Sentosa) en trishaw
- Christ Church
- petit boui boui trop cool tenu par un gentil monsieur libanais
- jeu des méchants dans les livres avec une valise (et recherches pour le transport vers les Cameron Highlands demain)
- quartier portugais
culinairement, on a atteint des sommets aujourd’hui: un petit déjeuner frugal mais pile ce qu’il fallait pour mettre les enfants en route (et dans un endroit sympa et calme, ce qui ne gâche rien) – c’est le Layang Layang Café, un lunch dans un endroit un peu surréaliste avec un Laksa à se lécher les babines – c’est le Calanthe Art Café, mais aussi un café, un thé et des jus de mangue à ne plus jamais vouloir quitter ce pays chez un petit monsieur venu du Liban rien que pour nous (ou presque), dans son boui boui sans nom et aux allures presque clandestines, et pour finir, du poisson à en renier la viande à tout jamais dans une ambiance extra au bord d’un des plus laids fronts de mer qu’on ait jamais vus – c’est le n° 4 du Restoran Sea Front du quartier portugais.
pour arriver au Kampung Portugis – un quartier créé au début du 20e siècle sur terrain marécageux pour régler un problème social – on a pris le bus n°17 depuis le centre de la vieille ville, comme le disait le Routard. Tarif de 3 MYR pour toute la bande, un trajet de quelques kilomètres qui nous emmène loin du Malaka de l’UNESCO, le long de routes bordées de centres commerciaux et d’immeubles en plein développement. Le chauffeur s’arrête le long d’une grande route et nous dit qu’on y est, on est bien obligés de le croire sur parole. Un gentil monsieur nous indique vaguement du doigt d’où part le bus qui rentre au centre ville, et hop, on fonce vers le front de mer, guidés par le cri de quelques mouettes et une brise qui ne trompe pas, l’océan nous attend.
il a fait un peu couvert aujourd’hui, la luminosité est donc tamisée, on marche une dizaine de minutes le long d’une route assez calme, dans un quartier de petites maisons qu’on pourrait appeler des chalets. C’est la sortie des classes, et on voit des étudiant-e-s se promener en groupe avec de gros paquets de livres sous les bras. On est prêts à emménager dans le coin, quand soudain, en tournant juste après l’école, on tombe sur une statue blanche haute de plusieurs mètres: Jésus nous accueille à bras ouverts, on doit toucher au but. Noam a repris sa litanie d’hier et réclame des bateaux, on lui en promet et quelques dizaines de mètres plus loin, on tombe sur deux, trois épaves de barques échouées sur un bord de mer boueux et gris. La baie est surréaliste: à gauche, un hôtel qui a l’air de vouloir se donner une certaine allure, à droite, un immense complexe immobilier – et quand je dis immense, i m m e n s e, démesuré – et coincé entre tout ça, le fameux « food court en plein air » où on avait décider d’aller manger du poisson. Vu le reste, on est soulagés par le cadre dinatoire, c’est kitsch mais accueillant.
on est d’ailleurs « accueillis » par Dominic, qui vient nous dire qu’il est Portugais, qu’on doit manger chez lui, qu’il a le restaurant numéro 4, celui avec les chaises bleues, qu’il est vraiment portugais, qu’il ne faut pas aller chez les Chinois, que c’est sa soeur qui cuisine et qu’on doit bien aller se mettre sur les chaises bleues. D’une manière impossible à expliquer, il nous charme parce qu’il n’insiste pas, il invite et il pose les choses comme un fait incontournable: on mangera au numéro 4, sur des chaises en plastic bleu. Pendant notre repas, on a compris que ça, c’était la façon soft d’être accueillis (et la façon efficace, parce que Dominic va rabattre à lui tout seul deux fois plus de monde que dans les 9 autres échoppes). Pour les autres donc qui ont le malheur d’arriver plus tard et d’approcher l’endroit par l’avant des restaurants (et pas par la terrasse comme nous), c’est Wall Street version pêche qui se déverse sur eux « I’m number 5/7/1/9/10/2 etc. » retentit dans 8 bouches à la fois, pendant que les rabatteurs encerclent les nouveaux arrivants jusqu’à ce qu’ils aient fait leur choix. Le gagnant lève alors la main comme pour dire « ils sont à moi » et escorte son trophée vers son bout de terrasse. Ca n’a peut-être pas l’air, mais c’était hilarant à voir, et Loïc et Arthur ont immédiatement décidé de copier l’affaire pour en faire un jeu (à suivre…).
à notre façon, on était les rois du monde parce qu’on a senti qu’on avait découvert un morceau typique et atypique à la fois de Malaka, et on s’est sentis encore mieux quand nos plats sont arrivés. On avait pris un assortiment de poisson vapeur avec un bouillon au gingembre, un plateau de légumes al dente, une petite friture de calamars et poulpes et des grosses crevettes avec une sauce tomate légèrement piquante. Un peu de riz blanc pour mettre tout le monde d’accord et voilà le repas parfait devant nos papilles ravies. L’addition était tout à fait honnête vu la qualité, j’en salive encore.
c’est donc de très bonne humeur qu’on a quitté l’endroit, prêts à reprendre le bus vers le centre. Voyant qu’on ne trouvait absolument rien qui ressemble de près ou même de très loin à un arrêt de bus, on a posé la question à quelques commerçants dont l’un à juré ne jamais avoir vu de bus, le second était à deux doigts de contacter l’asile et le troisième a fait semblant de comprendre notre demande et nous a juste envoyé nous promener un peu plus loin. Quand un bus à fini par surgir, je me suis plus ou moins jetée devant et il a donc bien été forcé de s’arrêter quelques mètres plus loin – juste pour nous forcer à retraverser un bout de rue alors qu’on venait déjà d’entamer notre capital stress au bord de cette maudite chaussée. Le tarif vers le centre était d’un coup à 4 RYM, alors qu’il était à 3 RYM à l’aller. C’est peut-être le tarif pour les arrêts sauvages, on ne le saura jamais. On est quand même assez fiers de notre coup, on aura de quoi raconter à nos arrière-petits enfants au coin du feu quand on sera vieux, vieux, vieux.
et voilà la transition parfaite (même pas fait exprès, promis juré): l’autre moment fort de la journée à été notre longue balade en trishaw vers le Kampung Morten où on a visité la Villa Sentosa. Une vraie maison, habitée par de vrais gens, transformée en vrai musée malais (c’est à dire que c’est très rempli et chargé et qu’on trouve donc forcément quelque chose de sympa à voir). Notre guide? Une vieille, vieille, vieille dame, qui nous raconté l’histoire de sa famille, ayant toujours vécu ici, et dont le aïeuls ont été félicités et diplômés par le Roi George V parce qu’ils ont eu 12 enfants, ce qui a donné au jour d’aujourd’hui 103 membres (environ) de la dernière génération. Cette petite dame toute ridée et aussi de travers que sa maison bizarre mais authentique nous a indiqué à chaque pièce où on devait se tenir, a récité tout un tas de choses mignonnes et intéressantes, a donné le change tout un temps, mais au bout de la 4e fois où elle a demandé d’où on venait, on a commencé à comprendre qu’on avait vraiment de la chance d’avoir fait cette visite avec elle, parce qu’on ne peut pas savoir combien de temps elle animera encore cet endroit qui en vaut la peine, ne fût-ce que pour elle.
on se pardonne donc le fait de s’y être rendus en trishaw (un Pokemon et un Wolverine), après une longue négociation pour obtenir ce parcours et une durée de trajet qui satisferait nos jeunes acolytes. Mon chauffeur m’a d’ailleurs félicitée, ça faisait au moins trois ans qu’il n’avait plus dû pédaler si loin, puisqu’il arriver toujours à refiler le même tour des attractions classiques du centre ville aux touristes de passage. Même si on divise son baratin par 4 ou 5, on comprend quand même qu’on a fait un truc un peu différent, et c’est ce qu’on aime (et c’est moins compliqué que d’arrêter un bus dans le noir, en plus).
c’est donc boostés et curieux qu’on embarque donc demain en direction des Cameron Highlands. Le trajet sera l’attraction du jour, avec d’abord un taxi, puis un train pour nous amener au-delà de Kuala Lumpur et encore un taxi pour finir le trajet. Le parcours sera sinueux, et on complique sans doute un peu mais on voulait faire du train, on va donc faire du train. Je vous raconterai quand j’aurai digéré les lacets, et si je saute un jour, c’est vraiment que la route aura été rude. Croisez les doigts pour que je puisse écrire demain, mon estomac vous en remercie d’avance.





prénoms et âge des voyageurs : Noam, 22 mois – Arthur, 4,5 ans – Loïc, 6 ans – Aart, 32 ans – Charline, 39 ans